Isidore Ducasse (comte de Lautréamont en littérature) naît à Montevideo, en Uruguay (comme Jules Supervielle et Jules Laforgue), en 1846. Il fait partie, avec Arthur Rimbaud, son exact contemporain, des étoiles filantes de la littérature française.
Il a un an et demi quand sa mère se suicide. Son père, chancelier au Consulat général de France, l’envoie, à l’âge de treize ans, poursuivre ses études en France. Il restera six années
« prisonnier en internat » dans deux lycées impériaux à la discipline de fer : Tarbes (berceau de la famille Ducasse) puis Pau. Ces années d'isolement développeront, dans l'esprit du jeune adolescent, le sens de la rêverie et le goût de la révolte la plus extrême et la plus radicale. Il est décrit à cette époque comme « un grand jeune homme mince, le dos un peu voûté, le teint pâle, les cheveux longs tombant en travers sur le front, la voix aigrelette. D'ordinaire triste et silencieux, comme replié sur lui-même, il passait des heures entières, les mains sur le front, les yeux fixés sur un livre qu'il ne lisait point; on voyait qu'il était plongé dans une rêverie. »
Après un bref retour en Uruguay, il réapparait à Paris en tant qu'homme de lettres en 1867. Il publie alors, à compte d'auteur sous le pseudonyme du Comte de Lautréamont, le Chant premier des Chants de Maldoror. En 1869, Albert Lacroix, éditeur des six Chants de Maldoror, terrorisé par la violence et l'audace du texte, renoncera à diffuser les exemplaires par crainte du Procureur Général.
Isidore Ducasse meurt à 24 ans pendant le siège de Paris. Il faudra attendre 1977 pour enfin découvrir (grâce aux recherches de J.J. Lefrère) la seule et unique photo (qui reste néanmoins aujourd’hui contestée) du sulfureux Comte de Lautréamont. Pour tous les lecteurs des Chants de Maldoror (A. Jarry, les surréalistes, A. Gide, J.P. Sartre, A.Camus et bien d'autres), il est resté pendant plus d'un siècle : l'écrivain sans visage.